Le Conseil des Usagers, lieu unique dans l’univers des entreprises - Groupe P&V (groupepv.coop)
Le Conseil des Usagers, lieu unique dans l’univers des entreprises
Le Conseil des Usagers du Groupe P&V est un forum où l’on débat de la responsabilité sociétale du groupe. Son président, Edouard Delruelle, nous parle de cet organe à visées éthiques et à vocation consultative, unique dans le monde entrepreneurial.
Qui est Edouard Delruelle ?
Comment définir le Conseil des usagers, et comment est-il né ?
ED. : « Le Conseil des Usagers (CU) est né début des années ‘90. A ce moment, le Conseil d’Administration (CA), de par l’évolution des métiers, est devenu de plus en plus technique. Le Groupe P&V a ressenti le besoin de disposer, parallèlement au CA, d’un organe consultatif, garant de ses valeurs. Le CU est donc un lieu de réflexion et d’échanges sur les enjeux sociétaux qui concernent le Groupe P&V. »
Qui compose le CU ?
ED. : « On y trouve des représentants des coopérateurs (mutualités, syndicats, …), de la société civile (académiques, universitaires, personnes partageant nos valeurs), et deux représentants des salariés du Groupe (élus tous les 4 ans, un cadre et un non-cadre). Les membres du Comité de Direction (CD) assistent également aux réunions. Soit en tout 20 à 25 personnes, qui se réunissent 4 à 5 fois par an. »
Quel est son rôle, quelles sont ses missions ?
ED. : « Le CU veille au respect des valeurs fondatrices et de la raison d'être sociétale du Groupe P&V. Il fait aussi de la prospective à long terme sur les grandes questions sociétales dont l’organisation pourrait ou devrait se saisir : environnement, diversité, égalité femme/homme, économie de plateforme, économie collaborative, …. Il adresse au CA des avis non contraignants, portant sur la concrétisation de l’ADN coopératif du groupe dans sa gestion d'entreprise, ses produits, ses services, et ses relations avec les clients, les intermédiaires et les collaborateurs. Le CU n’est pas dans l’opérationnel, il fait des suggestions très macros, esquisse des lignes générales. C’est ensuite au CA, au CD et à l’entreprise de traduire cela dans le quotidien professionnel et la stratégie. »
En quoi est-ce unique ?
ED. : « C'est un lieu de réflexion à long terme, sur les valeurs éthiques, sur les grands enjeux. On n’y trouve aucune relation de pouvoir, on n’y prend aucune décision. Dans l’univers belge des entreprises, c’est unique d'avoir un tel outil qui rassemble des gens de qualité, très divers, du Nord et du Sud du pays, et qui sont là pour débattre et pour aider une entreprise qui a un caractère social, son histoire et ses objectifs, à vivre ses valeurs. L'atmosphère est toujours très positive, très constructive. L'absentéisme est rare aux séances du CU ! »
Qui fixe les thèmes à aborder, et quels sont les derniers ayant donné lieu à des avis concrets ?
ED. : « Les thèmes abordés restent en lien avec l'actualité du groupe, et sont définis de façon collaborative, par une discussion entre le CU et le CD. En 2020, les discussions ont naturellement porté sur la crise sanitaire et ses conséquences. En 2021, sur les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies. C’est à partir des réflexions au sein du CU qu’ont été isolés, parmi les 17 ODD, les 4 qui semblaient les plus importants pour le Groupe P&V : pauvreté, santé, climat et égalité homme/femme. »
En 2023, votre avis porte sur la ‘société à mission’. Pourquoi ce choix ?
ED. : « Nous profitons toujours de l’une de nos réunions annuelles pour rendre visite à des entreprises coopératives ou mutualistes (essentiellement des assureurs), et nous inspirer de qu'elles font, de la façon dont elles incarnent leurs propres valeurs… C’est ainsi que nous avons visité l'assureur français ‘MAIF’, qui est une société à mission. Il s’agit d’un statut particulier existant dans le droit économique français (et de façon un peu différente en Italie, au Canada et ailleurs), qui permet à une entreprise, de déclarer que sa mission principale est une mission d’intérêt général, à but social, environnemental, sociétal.
Il ne suffit pas de le déclarer, il y a des conditions, des certifications et des contrôles. La société à mission française doit se doter d’un organe de suivi, d’un organe de contrôle et se faire certifier par un organisme indépendant qui peut retirer l'agrément. »
Comment le CU compte-t-il aborder concrètement le sujet de société à mission ?
ED. : « Nous avons trouvé une certaine ressemblance entre le comité de suivi français et notre CU. Nous nous sommes donc posé deux questions :
- Peut-on ‘importer’ ce concept, l’introduire dans la législation belge ? Et si oui, quel serait le rôle du Groupe P&V pour favoriser cela ?
- En dehors de toute existence légale de ce concept, P&V peut-elle se déclarer comme telle, ou estimer qu’elle est dans les faits une société à mission et que la loi sur les coopératives suffit ?
Nous sommes au stade de la réflexion. Notre avis de mai 2023 est intermédiaire et laisse la question ouverte. Mais l’essentiel c'est de donner des impulsions au CA qui après prend ses responsabilités souveraines. Je suis cependant convaincu qu'il faut se mettre dans ce mouvement vers la société à mission qui selon moi va arriver dans le droit belge aussi, d’une manière ou d’une autre.
Réfléchir à ce thème, c'est typiquement le genre de questions qui collent à la mission du Conseil. C’est là qu’on voit vraiment l’utilité et la plus-value du CU, l’avantage d’avancer sur un enjeu important de façon libre et assez efficace. D'un voyage à l'étranger à la MAIF, on a fait quelque chose de tout à fait concret. »
Le sujet de la société à mission était à l’honneur dans l’émission « Les acteurs de l’éco » sur LN24. Notre CEO Hilde Vernaillen en était l’invitée spéciale.
Comment voyez-vous l'évolution du CU ?
ED. : « La thématique de la société à mission pourrait influencer cette évolution, car si P&V et la société belge s'engagent vers ce concept, le CU devra se redéfinir autour de ça et peut-être repenser son mode de fonctionnement. Mais c’est encore prématuré. En attendant, c'est selon moi un organe qui fonctionne bien et nous devons continuer à travailler sur des grands enjeux de société.
En outre, depuis 2018, suite à l’ouverture de capital, des clients, des agents et des membres du personnel sont aujourd’hui coopérateurs. Nous attendons d’avoir davantage de recul sur le bilan de cette opération, mais si le CU veut être le plus représentatif possible des coopérateurs, il faudrait évoluer vers un mode de représentation de ces coopérateurs individuels. Aujourd’hui les membres du personnel y sont déjà représentés. »
23 juin 2023